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 Ludwig von Sündenacht [Zion]

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MessageSujet: Ludwig von Sündenacht [Zion]   Ludwig von Sündenacht [Zion] Icon_minitimeMer 12 Nov - 7:22

Nom : von Sündenacht à ce qu'il dit (un petit indice: cherchez la traduction de Sünden Nacht en allemand)
Prénom : July mais tout le monde l'appelle Ludwig (et pour cause: personne n'est au courant de son premier prénom).
Surnom : Absynthio


Âge : Impossible à dire physiquement tant son comportement brouille les repères. Officiellement, Ludwig a 26 ans... Mais qu'est Ludwig sinon un personnage inventé?
Race : Lamia
Clan : Zion
Rang :


Description physique :

Assis à son secrétaire, Ludwig, jambes croisées et plume d'oie levée réfléchit. Et voici soudain que sa prunelle, voilée par songes et réflexions s'éclaire et scintille. Emporté par l'enthousiasme, il repose un instant son outil sur un chiffon, relève ses amples manches et se saisit à nouveau de son instrument de travail, sans se soucier du regard effaré du visiteur face à sa maigreur.

Caché sous ses vêtements coulants et fluides, on devinait le corps sans vraiment le voir. L'ample amas de tissus recouvrait l'ensemble d'un organisme promis à la dégénérescence: à son plus jeune âge déjà, la maladie lorgnait vers ce puzzle d'os et de chair, ne demandant qu'un instant avant d'élire domicile dans cette carcasse dégingandée. Fièvre, angine... un rien suffisait pour le faire paraître un de ces orphelins décharnés qui errent dans les bas-fonds des villes. Tressautant au rythme de ses quintes de toux, ses poumons apparents devenaient une mer aux multiples vagues agitées, et quoiqu'aujourd'hui ces ondulations soient toujours visibles, leur netteté _amoindrie par la soudaine amélioration de sa santé grâce à la pilule d'immortalité_ s'est effacée ainsi que les expressions d'horreur déclenchées par la vision de ces chairs torturées.


Un léger sourire aux coins des lèvres, l'Ofanim écrit. Et tandis que vous laissez dériver votre prunelle, passant de cette main aux phalanges et métacarpes par trop évidents, ce poignet au cubitus proéminent au faciès, la surprise vient s'emparer de vous. L'homme fier au visage anguleux et fermé, mâchoire carrée et menton volontaire, joues creuses et pommettes saillantes a laissé place à un être soudain tellement plus... féminin? La bouche, charnue, presque charnelle semble prête à se relever sous le pli du sourire; le nez grec, mince et droit, n'est plus fièrement dressé au milieu d'un masque de marbre mais semble presque frémir sous les inspirations et expirations faisant enfin du lamia un être vivant; Et la paupière enfin... la paupière de lourde devient voile songeur pour atténuer un instant la brillance de cette orbe enflammée, cet onyx embrasé qui lui tient lieu de prunelle.

Vous doutez.
Ce ne peut être un homme... même les homos désignés sous le terme de "folle" auraient l'air moins androgyne!
"Désirez-vous un thé monsieur?"

La voix...
La voix vous fait douter plus encore, mais cette fois en faveur d'un homme.
Cette voix, chaude et chaleureuse, ce timbre rond et corsé qui aurait pu devenir à lui seul un excitant diabolique pour des étreintes sensuelles s'il n'y avait eu cette politesse, cette froideur, cette... distance; cette voix se situe à la limite. Cette limite précisément où l'on ne sait plus à quel sexe elle appartient. Contre-ténor? Contralto?

L'Ofanim se lève et vous dépasse afin d'aller transmettre la demande concernant les boissons. Sa démarche, troublant mélange entre grâce et rigidité est typique de celle d'une secrétaire qui tient à se faire respecter ou encore d'un gentleman londonien unpeucoincémaispastropunpeudesucrejevouspriedansmonthé

Hein? Quoi?
Ah oui, du sucre!
Oui, je veux bien, merci.

Pas de commentaire de sa part quant à votre soudaine "absence". Allons, nous sommes entre gens de bonne compagnie ici, et son attitude est telle que rares sont ceux à oser... oser ne serait-ce que tenter de faire tomber ses barrières.

Non, Ludwig n'est pas beau.
Il a cette rigueur, cette nonchalance austère, cette impassibilité si fière teintée d'humilité qui pousse les autres à le respecter mais empêche de l'admirer.

Ludwig...
Il faut le découvrir dans l'intimité. Fervent et passionné, il est de ceux que l'on écoute, de ceux qui nous convainquent et que l'on désire suivre. Ouvert et tolérant, stable et posé, il évoque quelque soleil qui se serait assagi et calmé: source de vie et de chaleur, il devient l'onde de lumière féconde à laquelle les hommes plongées dans les ténèbres aiment à s'abreuver...
Dans l'intimité.
Mais qui à ce jour peut se vanter de tel privilège?

Non, Ludwig n'est pas beau...
Il a ce charisme, cette classe, cette allure...
Distingué.
Il est distingué.
Mais il n'est pas beau.


Description caractérielle :
Isolde...
Il y a un temps où ce fut mon surnom.
La belle Isolde aux cheveux blonds, l'irlandaise guérisseuse, la magicienne fatale.
Vous ne devez certainement pas me trouver belle... mais qu'est-ce que la beauté après tout?
Une affaire de subjectivité.
Je ne suis pas là pour vous faire chavirer tel un océan aux vagues folles, mon bassin n'ondule ni n'oscille comme un bateau soumis aux caprices de la marée...
Je ne suis pas une prostituée.
Je suis une femme.

La plupart des hommes ne voient en nous que des objets destinés à leurs appétits grossiers, bons à jeter dès que survient la vieillesse et son fardeau de rides. Le temps imprime au visage les plis de son existence malmenée comme quelque couturière triturant son tissu pour mieux le dompter.

Je ne me fais pas d'illusions.
J'ai vaincu la vieillesse, mais ce n'est pas pour autant que je saurais changer des siècles de préjugés.
La nouveauté.
L'attrait de la nouveauté...
Les gens ne prennent plus même le temps ou la peine de se connaître vraiment. Peut-être de peur qu'en cheminant ensemble les changements survenant chez l'un ne soit un constant rappel pour l'autre de sa mortalité.
L'acceptation.
L'Amariah n'accepte pas Zion, Zion rejette Dieu, mais ces deux géants n'inventent rien de nouveau...
Ils ne font que reproduire un comportement typiquement primaire.

Il faut élever l'homme.
C'est la seule raison pour laquelle j'ai rejoint Zion.
Non pas pour leur réputation au parfum de scandale, non pas pour leurs provocations incessantes afin d'affirmer leur humanité (quelle ironie... si seulement Abel voulait bien analyser son comportement, il verrait peut-être qu'il est plus humain que tout autre.)
J'ai rejoint Zion pour libérer la pensée.

Le ciel se couvre peut-être de nuages, mais il ne faut pas oublier qu'il reste toujours bleu.

Je ne suis pas contre la religion en soi.
En soi.
L'homme a besoin de croire en quelque chose. Ce peut être en l'art, les idées, sa propre bonté, Dieu ou Bouddha.
Qu'importe tant qu'il reste respectueux et ne se rend, ni lui ni les autres, malheureux.
Mais encore faut-il qu'il ait foi en quelque chose pour avancer, colorer sa vie telle une blanche toile de vives peintures.
Regardez-moi: je suis une peinture ternie malgré mon jeune âge, un tableau qui semble déjà s'effacer pour mieux appartenir au passé.
J'ai ce langage, ces manières qui peuvent sembler désuètes mais me permettent de mieux relier le présent au passé afin d'envisager sereinement le futur... dans la continuité.

L'être pensant a de tout temps fonctionné dans cet esprit de rejet et d'héritage, de mimétisme et d'opposition. Il suffit qu'un compositeur propose une nouvelle esthétique et il est soit honni pour être parfois reconnu plus tard, soit suivi au contraire par ses confrères, devenant le "père" spirituel de toute une génération, l'origine d'un mouvement esthétique.
Il en va de même dans bien des domaines: quel philosophe n'a pas eu son école, ses disciples parfois dissidents? Les rassemblements de penseurs et d'écrivains dans de petits cafés sont-ils donc si lointains qu'aujourd'hui nul ne s'en souvient, en dehors de cette espèce de pseudo-élite intellectuelle composée des plus favorisés?

Qu'importe.
Je changerais cela...
Et plus encore.


Style de combat et armement :
Plus vif pour palabrer que pour porter la main au fourreau, le sieur von Sündenacht a tendance à préférer la diplomatie au conflit armé; il sait néanmoins, si besoin, manier le pistolet et l'épée


Signes particuliers :
-Violiste méconnu, sa mélodie préférée est celle-ci:
http://www.deezer.com/track/1668827
Il rêve toujours, bien évidemment, de la jouer avec la violiste inconnue qui d'un regard fit de lui le prisonnier d'un souvenir.

-Son accoutrement, entre exotisme et sobriété:
http://daggernogod.deviantart.com/art/Ouji-37360690

-Il est l'un des seuls lamias peut-être à n'avoir pas désiré sa condition. Cela explique peut-être son manque d'arrogance (comparé aux autres représentants de cette espèce tout du moins.)


Dernière édition par July le Mer 12 Nov - 18:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ludwig von Sündenacht [Zion]   Ludwig von Sündenacht [Zion] Icon_minitimeMer 12 Nov - 7:24

Histoire :

Ludwig...
Un prénom chargé d'histoire, donné aux plus grands: Beethoven, Wittgenstein, Boltzmann, Peter Ludwig...
Ce pseudonyme devait-il déterminer le destin de la créature qui l'avait choisi?



† La voie des humains n'est pas en leur pouvoir, et il n'est pas donné à l'homme qui marche de diriger ses pas †
(Jeremie, La Bible)


Quelque part dans le passé, dans les thermes romains

"July!
July!
Reviens-ici tout de suite! Combien de fois t'ai-je dit de ne pas courir dans les bains, peux-tu me le dire? Tu sais bien que c'est dangereux et qui plus est nous ne sommes pas dans une aire de jeux."

La mère.
Sèche, froide et dure. Semblable aux dalles qui défilaient dans sa course sous les pieds de l'enfant.
La mère...

Et le père?
Oh, le père se fichait pas mal de ce genre de crise. Non pas qu'il fût moins dur que sa femme, mais ils se partageaient les domaines.
Le père demandait toujours plus au niveau scolaire. Jamais une leçon n'était assez bien connue, et July eût-elle appris un livre par coeur qu'il n'était pas assez lu encor...
La mère était de ces bourgeoises coincées que l'on voit toujours au confessionnal, de ces marâtres que l'on imagine fort bien en directrices de pensions pour jeunes filles, chignon serré et lunettes sur le nez.
La vie de July se résumait donc à une suite de récriminations sans fin: le chapelet des déceptions et insatisfactions parentales semblait avoir toujours un nouveau grain à faire bruire à ses oreilles enfantines. Elle sortait de la bibliothèque de l'Amariah où travaillait son père pour mieux se faire gronder le soir sur ses cheveux emmêlés _tu as encore fait un détour par le parc! Je t'avais pourtant interdit d'y aller sans moi, on ne sait jamais sur qui tu peux tomber! Et regarde, ta jupe est tâchée!_ et quittait la maison pour mieux recevoir le regard courroucé sous les épais sourcils froncés de son géniteur _July... Je t'avais demandé de m'apprendre le symbole de Nicée par coeur en français ET en latin. Bien, tu me le recopieras 50 fois pour demain. Et ce soir tu liras les 9 premiers chapitres du Deuxième Livre des Chroniques de l'Ancien Testament.

Si encore la mère eût tempéré l'exigence du père et vice-versa sans doute July eût-elle pu s'épanouir un peu plus heureuse. Mais le fait est qu'ils n'échangeaient contre leur place de tourmenteur qu'un silence glacé et un aveuglement obstiné.



† Pour voir le futur, il faut regarder derrière soi †
(Livre d'Isaïe, La Bible)


"Toutes nos condoléances."

C'est tout.
C'est tout ce qu'elle reçut. Pas d'argent, pas de logement... elle avait seulement 15 ans.
Dommage. C'était tout ce qui l'intéressait dans le fait que ses parents soient morts.

Toutes nos condoléances...
Certaines personnes abhorrent cette formule. Parce que, les rappelant à leur malheur elle leur donne envie de pleurer; parce qu'ils ne supportent pas la pitié; parce qu'ils ne peuvent pas comprendre, tous ces gens qui sont assis sur les bancs de l'église, ce que cela fait de perdre ses parents...

Moi je n'ai pas eu de parents.
Des bourreaux précepteurs, c'est tout.
Leur colère n'était pas due à l'inquiétude... l'inquiétude de ne pas savoir comment agir par rapport à son enfant ou encore d'être un mauvais parent... pas de craintes pour mon avenir ou ce que je deviendrais non plus.
Je n'étais pas un individu à leurs yeux. Juste une sorte de moule qu'il fallait forger, une copie de mouton bien conditionné.
Pourquoi puis-je le dire si je suis censée avoir été manipulé?
Cela c'est une autre histoire.

Néanmoins je ne déteste pas mes défunts aïeux.
Ils ont eu le mérite de m'avoir mis au monde et offert une culture que peu peuvent se targuer de posséder.
Pas d'amour mais j'en ai reçu tant par la suite que cela valait bien la peine de souffrir quelques années...

C'est justement ce fameux amour qui me permit de sortir de ce cycle infernal.

Elle s'appelait Viviane.
Elle était belle comme un coeur et le mien fondit à sa vue. Je sortais d'un mauvais rêve tandis que mon sein s'éveillait à la vie sous les doux rayons de sa chaleur. D'enfant sauvage je devins peu à peu moins rétif à la vie en société avant d'y prendre goût.
Oh, mais pas n'importe quelle société...

Faisant croire à mon propre suicide en disparaissant de la circulation, caché chez elle et ne laissant derrière moi, en tout et pour tout, qu'une lettre d'adieu, j'attendis que l'on enterre July avant de faire naître Ludwig, étrange poète maudit venu d'ailleurs. Maquillé, grimé, je tournais à mon avantage ma constitution chétive en me composant une image d'éphèbe frêle et juvénile. Admirant Rimbeau, je cherchais à le copier avant de me détourner de ce premier modèle.

Rimbeau était Rimbeau.
Lassé de me réfugier dans l'ombre de cet écrivain de génie, je délaissais les cabarets où mon haut de forme et mon accoutrement singulier m'avaient valu une solide réputation de dandy poseur afin de me chercher.
Oh, pour ça j'ai cherché longtemps...
Et j'ai fini par me trouver.

Pas dans l'écriture ni l'alcool ou les fêtes incessantes;
Pas dans ces étreintes enflammées, ces crépuscules embrasées et ces ivresses de baisers...

Sans renier mon passé j'ai cessé de me tourner vers lui afin de regarder vers le futur...
Vers l'arrière.

Ce que nous avons face à nous, ce que nous connaissons...
C'est justement l'amas de nos souvenirs.
L'avenir est derrière nous, invisible et inconnu...
Alors j'ai arrêté de lutter, me suis laissé entraîner et basculer...
Pour mieux jouir du présent.

Pourquoi Ludwig?
A cause de Wittgenstein, ce penseur que j'avais découvert. Mais ce n'est pas tant lui qui me marqua que ce compositeur de génie connut pour ses symphonies...
Beethoven.

Puis, un jour, par curiosité, j'ai cherché... D'anciens Ludwig à la renommée éclatante, aux trajectoires intéressantes. Parmi ceux-ci le prince de Bavière et la famille des Ludwig attisèrent ma curiosité et me portèrent vers les arts.
Wagner me plût parfois quoique je n'aie jamais été un grand admirateur de son oeuvre ainsi que le roi fou, Liszt, Cosima ou Hans von Bülow; nonobstant, son héritage m'amena aux sphères de la culture germanique, entrevues à peine avec Beethov.

J'aurais pu rester dans cette veine romantique si le hasard ne m'avait fait découvrir l'esthétique baroque. Ravi, émerveillé même par les chants et tambourins donnant un air de renaissance et même de moyen-âge au petit concert que je découvris dans une modeste chapelle que vous ne connaissez certainement pas _et pour cause: dès mon suicide présumé j'avais quitté Assiah_ j'agressais presque les membres de cet ensemble à les couvrir de louanges.

Alors que mes compliments et mon admiration flattait la petite confrérie, je surpris le regard de la violiste...
Et mon sein, languissant dans les langes d'un amour cotonneux, reçut sans même pouvoir se défendre l'oeillade embrasée, vivement contenue et réprimée par la pudique paupière.

Je devins fou.

Haïssant Viviane sans pouvoir m'en expliquer la cause, elle quitta bien vite son faux gentleman devenu un démon infernal. Sans me faire prier, j'écumais la ville afin de retrouver la musicienne.

Je n'eus pas à parler.
Un regard!
Un seul suffit...
Et nous courions déjà, main dans la main, de la rue à sa porte et de la porte à son lit.

Non.
Evidemment que je m'imaginais la rencontre ainsi...
Sauf qu'il n'y eût pas d'étreinte, encore moins de rencontre.
Les musiciens avaient depuis longtemps cherché fortune ailleurs. Et devinez où...

Assiah.

La ville tant haïe me devint plus odieuse encore.
Un an et demi seulement que j'en étais parti...
Je devais consolider mon personnage si je voulais y retourner un jour.

Adieu douce violiste.
Peut-être pour amoindrir ou bien au contraire cultiver ma douleur, je choisis son instrument.
Sainte-Colombe, Marin Marais, Louis Couperin ou encore Antoine Forqueray eurent ma préférence. Peut-être étais-je plus sensible au raffinement français qu'anglais, malgré les oeuvres proposées par Byrd, Gibbons ou Purcell.

C'est dans le baroque que je me suis trouvée.




M'unissant à mon instrument comme un homme à une femme, j'accueillais la viole entre mes jambes, caressait son manche de mes longs doigts nerveux, frémissait en extirpant de ses cordes la mélancolie tirée par l'archet... Les yeux clos, vibrant au son de la mélodie créée, j'en oubliais et le monde, et les hommes, et le temps.

Le temps lui ne m'oubliait pas, le monde encore moins et ne parlons pas des hommes.
20 ans déjà...
La mère de mon professeur avait eu la bonté de m'accueillir, ce en échange de quoi je devais m'occuper du logis et lui jouer des morceaux, le soir au coin du feu. Sous ses airs de petite vieille gentille, la dame était fine oreille et grande mélomane. Il m'arrive encore aujourd'hui de me demander qui de son fils ou d'elle m'a le plus appris...

Ma vie était idéale.
J'avais un toit, une passion et surtout...
J'avais trouvé en cette femme une véritable mère.

Un beau jour:
"Que veux-tu faire plus tard?"
"... pardon?"
"Je demandais ce que tu voulais faire plus tard..."

J'écarquillais les yeux.
Quelle question voyons!

"Je ne sais pas... pourquoi?"
Quelle idée de se soucier de demain...
"Tu ne comptes pas rester ici toute ta vie non?"me répondit d'un air aimable la dénommée Marguerite.
"Je suis bien pourtant ici..."
Un rire léger qui, étrangement, me brisa le coeur
"Allons, mon enfant, je ne suis pas éternelle, tu le sais bien..."

Ce jour là, je sus enfin...
Je sus ce que signifiait perdre quelqu'un de cher.
Elle était certes encore en vie, mais le simple fait d'évoquer la mort l'avait comme... invitée dans ce foyer. La chaleur de ce cocon et sa protection me parurent soudain bien éphémères.

Sans que je ne m'y attende, elle attrapa ma main et pour la première fois je remarquais les sillons et les nervures qu'avait fait apparaître la vieillesse sur ces doigts desséchés.
Pour la première fois de ma vie j'eus envie de pleurer.

"Tu dois te construire Ludwig..."
Ce prénom...
Je m'étais moi-même dépossédé de mon âme. En faisant croire à ma mort, j'avais dénaturé mon identité, créé un être que j'abreuvais de mes chairs, mes joies, mes souffrances, mes sourires et mes larmes.
Ce prénom me brûlait comme une enveloppe de feu, un tissu ardent cousu à même mon corps...
Ludwig...
Et soudain je sus.
Je sus que je continuerais de m'aliéner tant que je chercherais à composer un personnage tel un acteur.
Je sus que le prénom en soi ne signifiait rien: c'était à présent à moi de tisser à ces sonorités de plus doux accents.
Ludwig.
Je serais, non!
Je suis Ludwig.
Ni homme, ni femme, juste un tout harmonieux.
Et ce qui s'était scindé, ce qui m'avait, au plus profond de moi, aliéné et divisé redevint unité.
"Je partirais. Et d'autres après moi encore te quitteront... Toi-même tu auras besoin peut-être de te séparer de certains...
Mais toi! Toi tu dois rester.
Tu dois rester fier de toi, capable de rester debout en plein coeur de la tempête. Trouver l'équilibre entre stabilité et adaptabilité."

"Merci Marguerite... Merci pour tout..."
Je la serrais dans mes bras avant de baiser chastement son front.
"Laissez-moi un temps pour y réfléchir voulez-vous?"
Je crus qu'elle ne m'avait pas entendu, mais alors que je m'apprêtais à prendre congé:
"Tu es fait pour être violiste. Mais pour cela tu devras parvenir à jouer devant les autres comme tu joues devant moi..."

Je n'ai jamais reçu depuis plus beau compliment.
Hélas. Je ne suis jamais parvenu à accomplir cela...
Dévoiler mon coeur et me mettre en danger devant les autres comme je le faisais chaque soir au coin de ce feu, aujourd'hui encore ardent sous mon sein glacé, en compagnie d'une Marguerite soigneusement préservée.


Dernière édition par July le Mer 12 Nov - 7:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ludwig von Sündenacht [Zion]   Ludwig von Sündenacht [Zion] Icon_minitimeMer 12 Nov - 7:25

† Ce qui fut, cela sera ; ce qui s'est fait se refera ; et il n'y a rien de nouveau sous le soleil. †

(L’Ecclésiaste, La Bible)


24 ans
Cela fait déjà un moment que je suis revenu à Assiah.
Il m'a fallu peu de temps avant de me faire un nom.
Oh, pas en tant que musicien, ça non...
Je vous l'ai dit, je ne sais pas exprimer, j'ai trop peur...

Je suis devenu l'un des critiques musical les plus en vues. Et puis, après la musique, je me suis mêlé de politique et de philosophie. J'ai été décrié, évidemment: "comment un petit scribouillard pas trop mauvais pour analyser la technique d'un chanteur pourrait-il rien comprendre aux subtilités d'un système dans lequel il n'a pas vécu?"
Oh ça, bien sûr que si...
J'y ai vécu.

J'étais un élément gênant, je dérangeais l'Amariah à fourrer mon nez là où il ne fallait pas. Par exemple, ressortir cette vieille affaire soit-disant entérinée de la mort suspecte d'un couple puis la disparition de leur jeune fille... avouez que c'était bien joué: je me vengeais de leurs méthodes (mettre ses membres en danger avec des sermons enflammés afin de les pousser à des actions inconsidérées, c'est bien gentil, mais après faut assumer) et établissais par d'habiles sous-entendu la validité du suicide de "July". C'était follement amusant; et surtout, cela ne manquait ni de panache ni d'audace, avouez-le. C'était un peu comme se foutre ouvertement de la gueule du monde, ce monde qui m'avait si mal traitée, sans que lui ne puisse rien y comprendre... ou encore voir un russe se moquer d'un américain sans que ce dernier ne puisse se douter de rien.

Pourquoi ne suis-je pas mort?
Parce que, sans même calculer mon coup, j'avais commencé à devenir une figure plutôt connue des cercles où se côtoient ce qu'on nomme la haute-société, société qui est pour moi plus crasseuse encore que celle des prétendus "pauvres" _quelle est la véritable richesse si ce n'est celle du coeur? et n'y-a-t-il pire pauvreté que celle de l'or?_ mais eût le mérite de m'être salutaire... bien involontairement.
Cela n'empêchait pas d'engager quelqu'un pour me buter, mais il fallait faire cela proprement... Déguiser le meurtre en attentat, quitte à faire crever quelques innocents au passage, c'est pas bien grave, tant que personne ne jase trop et que le spectacle est jugé vraisemblable. Tout le monde aurait bien sûr soupçonné les véritables causes, mais tant qu'on trouvait un coupable le peuple se tiendrait tranquille... en plus les dirigeant de l'Amariah et de Zion auraient le temps de faire mumuse et déplacer quelques pions avant de dénicher une victime pour tenir ce rôle dans l'autre camp.

Non, je ne suis pas mort parce que, ce temps où il fallait trouver une solution afin de m'éliminer de manière "fortuite et honnête", me permit de rencontrer mon actuel patron.
Oh, je doute qu'il se souvienne encore des circonstances de notre entrevue inopinée ou même simplement du fait que je fasse partie de son organisation depuis aussi longtemps...
Ce dernier semblait plutôt diverti par ma plume que réellement soucieux de me sauver la vie, néanmoins je dois reconnaître que je lui dois une fière chandelle. Pour un homme qui a une si mauvaise réputation, il faut croire que j'eus de la chance qu'il démentit au moins une fois dans sa vie par une action généreuse le discrédit porté sur lui.

J'étais destinée à devenir inquisiteur.
La bible n'était qu'un des nombreux points de mon apprentissage: à cela s'ajoutait évidemment l'entraînement au combat.
Oh certes, je n'avais pas encore eu "l'honneur" d'être initiée à la torture, et j'étais, il faut l'avouer, un peu rouillée... Mais la perspective d'avoir dans ses troupes un élément aussi dissonant que moi dût l'égayer suffisamment longtemps pour qu'il appelle son ancien Ofanim et me fasse engager.

C'est surréaliste n'est-ce pas? Le dirigeant de Zion en personne qui recrute un vague milicien de rien du tout dont personne n'a que faire?
Pas tant que ça.

M'engager, non pas en reconnaissance de mes qualités, non pas pour le travail accompli, mais pour me placer au bas de son échelle à lui, c'était dire en quelque sorte "je suis tout puissant, et cet être qui vous énerve, vous l'Amariah, n'est qu'un sous-fifre pour moi..." ou encore une formidable campagne de pub pour tous les opposants de l'inquisition "l'Amariah vous emmerde? Vous craignez pour vos vies? Venez chez nous."

Bref, ça fit jaser bien plus que mon éventuelle (deuxième) disparition, d'autant que je ne cessais nullement de brandir les mots en armes (et force est d'avouer que je fais bien plus mal avec eux que je n'eus l'occasion d'en faire avec un pistolet ou une épée.)

J'ai gravi les échelons, lentement mais sûrement, partageant mon emploi du temps entre lecture, écriture, entraînement et... la musique bien sûr.
La musique qui n'aurait su disparaître de ma vie pour si peu.
Heureusement qu'il est relativement aisé de se procurer des médicaments lorsque l'on travaille pour l'Archange (quel drôle de surnom; cet homme doit être complètement obsédé par la religion: son patronyme, sa pugnacité à l'encontre de l'Amariah...) Au début ce fut d'innocentes vitamines et puis finalement j'ai remplacé les 2 premières lettres de ce mot par amphé.
Amphétamines...
C'est ce qui explique en partie mon aspect quelque peu décharné (dieu merci, l'entraînement physique a permis de ne pas me faire paraître complètement squelettique) ainsi que mon "étonnante" capacité à accomplir tant de choses en 24 heures tout en dormant si peu.

Le problème s'est soudainement en partie résolu grâce à la pilule miracle.
Imaginez: un malachim véreux qui planque quelques une des ces fameuses gélules d'immortalité (disons deux ou trois) dans un flacon d'amphet afin de les revendre puis se barrer loin loin loin, ni vu ni connu... Manque de bol, il se fait descendre en chemin par un inquisiteur fanatique (oui oui, c'est plus fréquent qu'on ne croit.) Sur ces entrefaites, les serafims de service dans le secteur surviennent: une partie part à la poursuite du coupable, une autre boucle le périmètre et enfin deux autres restent auprès du mourant, l'un pour tenter de lui apporter les premiers secours, et l'autre non loin pour appeler les médecins. Et tandis que son collègue faisait son possible pour maintenir le malachim en vie, Ludwig, après avoir appelé qui de droit, ramassa la sacoche du chercheur.

He oui, on ne se refait pas. Curieux comme il l'était, le futur Ofanim tenait plus de l'enquêteur que du soldat "je ferme ma gueule et j'obéis aux ordres" mais bon...
Il tente de découvrir d'éventuelles preuves, tombe sur le flacon d'amphétamines et "oh chouette, c'est pour moi ça. Et un de moins à payer; en plus je commençais à être à court..."

Et qui c'est qui qui s'est retrouvé ensuite à l'hôpital à rendre ses boyaux et à cracher du sang sans comprendre ce qui lui arrivait?
C'est Ludwig bien sûr.

(promis, un jour j'arrêterais d'écrire mes fiche à 4H20 du matin)

Son accession au poste d'Ofanim maintenant...
*se frotte les mains et laisse apparaître un sourire séditieux*
Oh, ça va, on a bien le droit de rigoler...
Ahum.

Laisser se répandre la rumeur à propos d'un tel accident était inconcevable.
La pilule d'immortalité était un saint Graal qui se méritait: il fallait payer pour l'obtenir. Hors de question donc de dévoiler la vérité (qui aime la vérité de toute façon dans cette ville de dégénérés?) mais comment acheter le silence du lamia nouveau né?
Pendant un moment, il fut envisagé de le tuer au cours de sa transformation, quand il serait à la merci du premier visiteur venu sous prétexte de lui apporter des fleurs. Malheureusement pour Abel, l'hôpital Enailquë refusait de se prêter à ce genre de mascarade. Saloperie de philanthropes et illuminés de l'humanité.
Dans ce cas envoyer Ludwig sur une mission dangereuse et s'arranger pour le faire périr?


Certains racontent qu'il a ensorcelé Abel, d'autres que c'est une promotion canapé, mais moi je vais vous dire la vérité.
Il a joué pour lui.
Il a joué sa vie, avec cette intensité terrible de ceux qui ont peur de mourir alors qu'ils ont si peu vécu...
Avec cette intensité plus terrible encore qui lui fit lever les yeux vers cet être hâtivement jugé et qualifié de pédant pour lui faire lire au travers un regard l'absence de crainte face au dernier châtiment.
Le regard de ceux qui n'ont pas peur de perdre la seule chose que tous s'efforcent de gagner.



"Tu es fait pour être violiste. Mais pour cela tu devras parvenir à jouer devant les autres comme tu joues devant moi..."

Ce n'était pourtant pas un jeu que ces quelques instants passés devant un tyran...
Un tyran que l'on traitait peut-être pour une fois en homme.
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Abel C. Zerach
Archange de Zion
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MessageSujet: Re: Ludwig von Sündenacht [Zion]   Ludwig von Sündenacht [Zion] Icon_minitimeMer 12 Nov - 14:44

Et bien je vais vous dire... continuez au contraire à écrire vos fiches à 4h20 du matin, Ludwig ! Je n'ai rien à opposer au côté un peu original de sa transformation en Lamia - au contraire, tout se tient donc l'originalité de la chose est des plus appréciables - ni au reste du personnage et de sa touchante biographie. Au passage, j'ai souvent souri et même ri lors des commentaires à propos d'Abel, que vous connaissez bien ma foi. J'aime beaucoup la conclusion de cette fiche, question accession au poste d'Ofanim.

Tout bon donc, monsieur et au plaisir. =)
Si vous avez une requête pour votre rang... en attendant je mets Ofanim.
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MessageSujet: Re: Ludwig von Sündenacht [Zion]   Ludwig von Sündenacht [Zion] Icon_minitime

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